(à mon père « tant pis si/la route est longue/je ferai le tour du monde »)
Arrivé sur la grande route, je lève les yeux au ciel.
Le sac sur mes épaules, Le bruit des voitures, un peu d’argent dans la poche,
Et quelques cigarettes.
J’ai rendez-vous avec nulle part à une heure que je ne connais pas.
Après avoir quitté là où j’étais, avant d’arriver là où je serai,
Ici je suis, sans nom, juste à côté du calendrier, du temps, de la route.
Je suis en plein dedans.
Il pleut, une éclaircie, la nuit arrivera, j’y arriverai,
Péages, mirages, au loin dans la vallée, village, nuage, une éclaircie encore,
C’est la vie.
Je souris sans voir les visages,
Propose pour image à autrui, mon seul véhicule,
Pour monter dans le leur,
Pour faire voyager mes particules,
Finir ce voyage spatio-temporel
1me voiture-portée
Allez, souris.
Je parle seul en regardant filer les autos
Et si ce trajet ne s’arrêtait jamais?
Si je ne m’arrêtais jamais?
Alors je n’existerais plus, étranger partout, connu nulle part,
Inexistant mais mortel.
Mourir et n’être jamais arrivé,
Toujours en train d’y aller,
J’en aurais vu du pays, dit bonjour et merci, merci encore,
Cette voie est une route, un décor, ou mon identité s’est dissoute
Je ne me suis pas arrêté à temps, je ne le2 connaissais plus, il ne m’a pas pris en compte.
J’étais trop occupé à essayer d’aller là où je ne serai jamais, un endroit difficile à trouver.